Alpha Condé ou le syndrome d’une crise permanente

21 mars 2015

Alpha Condé ou le syndrome d’une crise permanente

Elle est sanitaire, sécuritaire, politique, bref, ce qu’on pourrait appeler une crise de régime. Les conséquences d’un colmatage institutionnel où des accords régulent la vie constitutionnelle du pays.

Alpha Condé lors de son investiture en 2010
Alpha Condé lors de son investiture en 2010

Celui qui est incapable de respecter une constitution se moque des accords signés. Alpha Condé est perpétuellement dans une logique de rapports de forces politique au détriment des objectifs de développement. Le tout-politique.

Elu en 2010 dans des circonstances très chaotiques avec la bénédiction d’une certaine communauté internationale arguant l’argument de préservation de la paix, qui, d’ailleurs ne tardera pas à désenchanter sur les capacités réelles de cet « opposant historique » à gouverner un Etat. Comment voulez-vous qu’un parti politique qui pèse réellement moins de 20% de l’électorat guinéen puisse gouverner ? On peut trouver là une part d’explication de son acharnement à tripatouiller toutes les élections en sa faveur. Les élections législatives qui étaient prévues 6 mois après la présidentielle n’ont finalement eu lieu qu’en 2013, 3 ans après. Une seconde mascarade électorale entérinée par ses adversaires politiques qui se sont contentés du minimum là où ils pouvaient avoir la majorité, se nourrissant des symboles du genre « C’est une première que l’opposition remporte les 5 communes de Conakry » Et après ? Ça change quoi ? Vous n’avez pas la majorité ! Bref, revenons sur l’actualité.

L’opposition a toutes les raisons de suspecter le pouvoir de récidiver la fraude. Tous les signaux indiquent cette direction. La commission électorale nationale ‘’indépendante’’ organe en charge des élections est dans les faits, un prolongement de l’administration publique soumise aux mêmes injonctions du pouvoir. En sortant le chronogramme des élections futures où la présidentielle vient avant les communales et communautaires, la CENI cherche avant tout à protéger Alpha Condé d’une possible illégitimité après la fin de son mandat qui plongerait le pays dans une nouvelle transition politique. Du coup, la présidentielle est devenue une urgence stratégique pour le régime.

Après avoir tiré les leçons des législatives de 2013 où les délégations spéciales qui remplacent les maires ont joué un rôle majeur dans l’exécution de la fraude en faveur du pouvoir, l’opposition a raison d’exiger la tenue des communales et communautaires avant la présidentielle. Je rappelle ce fait pour avoir été un témoin de cette mascarade électorale en 2013, les deux acteurs chargés de la matérialisation de la fraude au niveau local sont : les délégations spéciales et la FOSSEL (la force spéciale de sécurisation des élections). Les premiers sont chargés de la gestion du matériel électoral et les seconds du transport de ce matériel mais aussi de l’introduction des urnes pré-remplies dans les salles de centralisation des résultats. Officiellement ces derniers sont chargés de la sécurisation de ces salles et sont les seuls à avoir accès en dehors des heures de travail de la commission. Le cas de Kaloum pendant les législatives est un exemple éloquent de cette complicité de la FOSSEL.

Aujourd’hui une crise est née, disent certains observateurs. Mais la crise est permanente avec ce régime. L’opposition retire ses députés à l’assemblée nationale, remet en cause la légitimité de la CENI et projette de reprendre les manifestations de rues pour se faire entendre. C’est du déjà vu ! Cette stratégie est-elle efficace ? Oui. Elle est républicaine cette opposition. Loin d’être leur avocat, il faut cependant, reconnaitre qu’elle fait assez de compromis pour préserver la paix et l’unité des guinéens dans un environnement pollué par la haine entretenue par le pouvoir. Le diagnostic est clair : Alpha Condé engage la Guinée vers un avenir incertain et il faudra craindre le pire avec ce régime.

Sékou Chérif Diallo

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